07/04/2025

Antispécisme et lutte décoloniale


Un podcast pour nous alerter de l'urgente et nécessaire prise de conscience de l'effondrement et de la destruction de tout un monde, le Brésil, le Sud, et de notre devoir d'agir contre la réalité coloniale que nous faisons perdurer par le biais de notre prédation.

En novembre prochain, le Brésil accueillera à Belém, la COP 30. Ce pays, un des plus grands espace de diversité d'êtres vivants humains et autres qu'humains au monde, est en proie à toutes les catastrophes de notre époque : écocides, pollution majeure, dérèglement climatique, inégalités sociales... Par ailleurs, cela fait des années que ce pays, longtemps considéré comme le poumon de la planète, subit l'insécurité alimentaire en étant devenu un immense consortium de l'agro-industrie. Quelques propriétaires terriens (1%) annexent des millions d'hectares pour y planter du soja ou y faire paître des vaches. Ces propriétaires spolient les petits paysans et les peuples indigènes au point de posseder à eux-seuls 50% des terres. Toutes luttes visant à stopper ces pratiques pour faire respecter leurs terres et protéger la forêt, sont repoussées par les grands propriétaires et leur factions. Il n'est pas rare que des assassinats soient perpétrés contre les résistant·e·s.



Ecocide et spoliations

Le territoire brésilien est donc systémiquement gangréné par l'industrie agricole qui provoque l'effondrement sur tout le territoire. Les coupes dans la forêt pour créer des prairies ou des champs à perte de vue, provoque la désertification. Au Pantanal, des feux gigantesques ont ravagé la forêt en 2023. Des centaines de milliers, peut-être des millions d'animaux auront péri calcinés. Les dauphins roses d'Amazonie eux-mêmes meurent de la sécheresse. Fin 2024 des centaines de feux sont allumés, des arbres immenses agés de centaines d'années sont réduits en cendres. En quelques minutes les colonisateurs de la forêt détruisent ce que ces arbres ont mis en oeuvre pour croitre en plusieurs centaines d'années. Il y a une inconcevable frénésie à détruire la forêt pour augmenter les terres des propriétaires. Une folle course en avant pour le profit capitaliste. Ce déchaînement de mise en feu rend l'air irrespirable au point dêtre exceptionnellement dangereux. Habituellement, à Rio Branco, au maximum sur une journée normale l'indice est de 55, pendant la campagne de brûlage à laquelle nous faisons référence l'indice sera monté à 416 ! Pire que la pollution de Dehli en Inde qui a un indice de pollution constant de 171 qualifié de mauvais pour la santé .

Il y a eu un jour où il y avait 638 feux à l’intérieur de la réserve. En un seul jour!!! Dans une réserve protégée !!


Ce territoire qui accueillera la COP30 en novembre 2025 vit sa dernière décennie avant que soient rompus tous les équilibres écologiques. Ce sont le capitalisme et la colonisation mercantile organisés par le Nord qui représentent les plus grands périls qui empêcheront toute résilience du Sud . Car en effet, ce que vit le Brésil c'est avant tout un problème international. Nous sommes co-responsables et si nous ne réagissons pas en changeant nos pratiques alimentaires invasives nous seront coupables une fois de plus d'un effondrement écologique et sociétal. Ce que nous consommons au Nord, notre alimentation, provient de l'élevage intensif où les animaux sont nourris au soja essentiellement importé du Brésil. A l'heure où nos organisations agricoles se mobilisent contre le MERCOSUR au nom d'une concurrence déloyale sur des contraintes règlementaires concernant les intrants phytosanitaires par exemple, elles oublient de vous dire que leurs productions ici-bas sont majoritairement déjà utilisatrices des pratiques mortifères de l'agriculture brésilienne. Il y a une immense arnaque de notre propre système d'élevage intensif qui n'a rien à voir avec les fantasmes des petits élevages familiaux. Ce que vous pouvez consommer aujourd'hui, c'est au prix de l'appauvrissement des populations et d'une destruction massives d'écosystèmes et de traditions de vie vertueuses. Les riches voraces que nous sommes exploitent à distance la terre de là-bas ainsi que ses humain·es. C'est une lutte des classes qui se joue ici. La colonisation destructrice par nos estomacs doit cesser. Nous menaçons les populations, la faune et la flore là-bas pour nous nourrir ici. Les populations de l'hémisphère nord ont un changement majeur de paradigme à mettre en oeuvre. Notre existence et l'industrialisation du monde qui l'accompagne est un questionnement éthique auquel nous devons faire face. Nous devons en urgence nous engager pour l'abollition de l'élevage ici comme là-bas. Végétalisons les productions. Ce qui doit cesser le plus urgemment, c'est la complaisance médiatique et marketing qui ne livre qu'une réalité tronquée alors que le carnage de l'exploitation et de l'agriculture intensive sont des interactions globales. Les reportages ne sont en rien le reflet de la réalité. Quand on soutien ici l'agriculture intensive qui n'est même plus rémunératrice pour les agriculteur·ice·s, on omet de dire que c'est au prix d'une hécatombe ailleurs.

 


Deux conférences à venir


Jeudi 10 et  lundi 14 avril, deux conférences vont vous permettre de comprendre les enjeux de la situation et surtout de vous mobiliser pour que cesse ce colonialisme des estomacs à tout les niveaux. Pour préparer ces deux rencontres, je vous propose de réécouter une conférence de Sandra Guimaraes que nous avions enregistrée en octobre 2023 lors d'un événement Alternatiba. Dans ce podcast le propos de Sandra Guimaraes est limpide, c'est un appel à nos consciences et à l'action. Sandra Guimaraes développe l'idée que c'est un veganisme populaire mêlant antispécisme et luttes sociales qui permettra d'en finir avec cette catastrophe annoncée. Dans les mois qui viennent vous allez entendre parler de scandales pour lesquels vous n'auriez peut-être pas réagi. Votre culture et votre niveau de vie vous auraient laissé probablement sans réaction, parce que vous n'êtes pas concerné·e·s par le Sud. Retenez que nous sommes coupables dans votre inconscience. Réécouter, avec ce podcast, le propos de Sandra Guimaraes nous permet de nous préparer à l'urgent engagement qui émergera des deux conférences à venir. Engagez-vous, et faîtes le savoir.


 

Un cri du coeur de Sandra Guimaraes lors d'un repérage à la Réserve Chico Mendes

Photos et videos : Anne Paq, 2024.

 

Copine, je viens de rentrer de 4 jours dans la forêt, dans la reserve Chico Mendes, et c'est dur, dur. Je me bats pour empecher le désespoir de gagner mon coeur, mais je ne sais pas si je vais y arriver. L'Amazonie est devenue un immense pâturage. J'ai vu la forêt brûler. Et j'ai vu des centaines de milliers de vaches à la place des arbres centenaires. Et j'ai pleuré tous les jours.

12/10/2024

 



La maison de Chico Mendes, où il fut assassiné le 22 décembre 1988.


L'écologie sans lutte des classes c'est du jardinage (Chico Mendes) Ici avec Ilsamar Mendes sa compagne.

 


Et on a vu l’enfer. Ici des arbres plusieurs fois centenaires brûlent (surtout des arbres de noix du Brésil) en plein milieu de la forêt Amazonienne, en plein milieu d’une réserve. Les vaches sont absolument partout. C’est interdit. C’est illégal. Mais on n’arrive pas à contenir l’avancée de l’élevage sur l’Amazonie. Tout le monde est désespéré ici




Événement durant lequel fut enregistré cette conference.

 

Les conférences et entretiens avec Sandra Guimaraes

Construire la Libération Animale et combattre la faim

Véganisme Populaire et décolonial

JAD, Jardins à défendre

La patte de la Vache, récits de luttes antispécistes au Brésil