13/10/2023

Un antisémitisme à gauche ?

Dans ce podcast enregistré en septembre 2023 lors de la Fete de l'Humanité, vous allez entendre des voix du collectif juif, décolonial, antifasciste et antisioniste, TSEDEK !

Temps d'écoute : 69'29''

 

Vous avez remarqué comme depuis le 7 octobre dernier les passions se déchaînent sur les  plateaux télé, dans les posts, dans les rédactions, et même au plus haut niveau de l'État? C'est que le drame de l'attaque du Hamas si bien organisé dans son crime nous prouve à quel point l'horreur n'épargne personne. Ce jour-là, tout commence par une insouciance, une rave party, une extase à quelques lieues de la souffrance même et de l'oppression. Décalage complet entre vies-passions et vies-tortures de part et d'autre. L'horreur absolue d'un carnage que n'aura pas su empêcher le suprémacisme violent et qui masque toujours plus le quotidien d'un peuple victime d'une ghettoïsation, affamé, honni, réduit à la misère, tombant sous les balles, torturé et persécuté par le système colonisateur, ses forces de l'ordres et ses milicien·ne·s. Gaza c'est l'enfer.

 

La connivence avec l'internationale néofasciste

Comment se fait-il que nous soyons si immédiatement ému·es par les victimes israéliennes en quelques jours et si peu prompt·e·s à soutenir les victimes de l'apartheid, les résistant·e·s palestinien·ne·s depuis des décennies ? La question n'est que rhétorique. Tout le monde, en conscience, sait et fait un choix. C'est la proximité idéologique qui fait que la plupart des observateur·ice·s pleurent sur les corps israéliens et se détournent sinon crachent sur les corps des palestinien·nes. Un choix sur qui a le droit de vivre et qui à le devoir de mourir en silence. Le choix de visibiliser les victimes de l'horreur certes absolue mais pour mieux masquer l'éradication méthodique et idéologique d'un peuple et de sa culture. Il y a connivence avec l'internationale néofasciste, qui si nous n'y prenons gare, nous promet des jours non enviables, car elle prépare, en Europe, l'avènement d'un ordre puant, bourgeois, réactionnaire et raciste.

Dans ce podcast, le collectif TSEDEK ! déconstruit les manipulations pro-sionistes de la droite et de l'extrême droite française et européene,  met à jour leurs stratégies. En espérant que cela puisse sortir les personnes de gauche de l'effroi d'être taxées d'antisémitisme lorsqu'iels affirment leur soutien à la Palestine et leur permette de s'affirmer politiquement et culturellement dans la lutte antiraciste. Ce collectif est sans concession et solide dans sa pensée. Une cure de jouvence pour qui cherche à affirmer son antiracisme décolonial sans craindre les menaces intellectuelles des manipulateur·ices·s d'opinion, serviles et moralisateur·ice·s visant à discréditer la gauche.

 




Communiqué

Juif·ve·s et décoloniaux·ales

Pour une parole juive décoloniale – En tant que militant·e·s juifs·ve·s décoloniaux·ales, nous comprenons à quel point notre société est structurée par son histoire coloniale et raciale. En tant que juifs et juives, nous n’oublions pas que c’est aux États-nations européens que nous devons notre destruction, celle de nos histoires et de nos cultures. Que ce sont eux qui ont fait du Juif un parasite, un corps étranger à l’État, justifiant les persécutions et l’extermination des juifs et juives d’Europe. Eux encore qui ont causé l’arrachement des juif·ve·s des pays arabo-musulmans aux sociétés qui étaient les leurs, par la mise en concurrence des colonisé·e·s et le soutien qu’ils ont apporté au projet nationaliste et colonial sioniste. Aujourd’hui, l’État français et sa politique assimilationniste continuent d’abîmer les juif·ve·s. Ni trop visibles, ni trop barbares, nous sommes acceptables à condition de rester des victimes éternelles, pour permettre à l’État de se rêver comme notre protecteur. En réalité, il continue de fabriquer les conditions de notre disparition par son racisme et son rapport identitaire à la laïcité, la mise en avant d’une prétendue culture « judéo-chrétienne », et l’association des juif·ve·s français·es à l’État d’Israël – faisant de nous des citoyen·ne·s à part. Être juif·ve et le rester – L’histoire des communautés juives a donné naissance à des rapports multiples au judaïsme, à la judéité et aux non-juif·ve·s. Cette pluralité s’est heurtée aux murs de l’identité blanche des États-nations européens, qui ont fait des juifs l’une des premières figures de l’altérité. Né de cette modernité européenne, le sionisme a fabriqué une version réductrice, anhistorique et ethno-nationale de l’identité juive. Avec le soutien des pays occidentaux, il s’est constitué comme le prolongement du judaïsme, voire comme son incarnation, et a transformé notre expérience de la judéité en France.
En faisant du discours religieux un discours nationaliste, le sionisme détruit et déforme les fondements du judaïsme et adopte précisément les structures à partir desquelles les juif·ve·s ont été historiquement exclu·e·s de la société occidentale : État-nation, colonialisme et race.

Tsedek ! rassemble des juives et juifs de différentes origines, croyant·e·s et athé·e·s, aux parcours divers. Pour nous, la création d’une ethnocratie n’est pas la condition préalable à l’émancipation et à l’autodétermination des juif·ve·s. Nous nous réapproprions une identité juive en la conjuguant à la lutte antiraciste et en proposant une alternative culturelle, qui met en avant la préservation des cultures juives et la solidarité avec d’autres minorités et groupes historiquement opprimés. Notre judéité se décline autour de traditions partagées, de joie, de poursuite de la justice sociale et de la réparation du monde qui repose sur trois piliers : justice, paix et vérité.

Pour un militantisme internationaliste contre le colonialisme, le fascisme et l’impérialisme – Nous voulons nous battre aux côtés de celles et ceux qui luttent contre la violence économique, politique et symbolique que continue d’exercer la France néocoloniale sur le monde, notamment dans les outre-mers et en Afrique. Les politiques françaises et européennes de l’immigration et le traitement xénophobe des exilé·e·s ne sont que d’autres manifestations de la colonialité occidentale. De Calais à Lesbos, les frontières, les murs et les barbelés tuent, et nous nous tenons aux côtés des migrant·e·s et des travailleurs·euse·s sans-papiers.