22/08/2022

Décoloniser la protection de la nature et des animaux

Il est prouvé que les peuples autochtones comprennent et gèrent leur environnement mieux que quiconque : ce sont 80 % de la biodiversité sur Terre qui se trouvent sur des territoires autochtones.
 
Temps d'écoute : 70'52''


Néanmoins, le modèle de conservation dominant aujourd’hui est encore, comme à l’époque coloniale, la “conservation-forteresse” ou le “colonialisme vert” : un modèle qui crée des Aires protégées militarisées sur les terres des peuples autochtones accessibles par la suite uniquement aux classes aisées. Ce modèle est en train de détruire la vie et la terre des peuples autochtones. Mais c’est là qui vont la plupart des financements occidentaux pour la protection de la nature. Pourquoi ?
Parce que les mythes qui soutiennent ce modèle de conservation sont reproduits dans les textes scolaires, les médias, les documentaires animaliers, les publicités des ONG, etc. Les images sur la “nature” dont nous sommes abreuvés depuis l’enfance et les mots que nous utilisons pour la décrire, façonnent notre réflexion, nos politiques et nos actions. Nous avons tendance à supposer que ces mots et ces images sont la réalité, comme s’ils étaient neutres, objectifs ou “scientifiques”. Mais ils ne le sont pas.
Maintenant que les crises environnementales et climatiques se situent en première place de nos débats et préoccupations, nous ne pouvons plus fermer les yeux sur les violations des droits humains commises au nom de la conservation. Ce modèle de conservation est profondément inhumain et inefficace, et il doit être changé dès maintenant. Les Aires protégées ne parviennent pas à sauver la biodiversité et aliènent les populations locales, qui sont pourtant les mieux placées pour protéger leurs terres. Il est donc essentiel de réfléchir à notre manière de “protéger la nature” et, pour le faire, il va falloir faire preuve d’iconoclasme : détruire les images que nous nous sommes faits de la “nature” et des “autres”.
 
Une conférence de Fiore Longo, DIrectrice de Survival International France enregistrée le 20 juillet 2022 lors de l'Université d'Eté de la Libération Animale.
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Fiore Longo est responsable de recherche et de plaidoyer à Survival International, le mouvement mondial pour les peuples autochtones. Elle est également directrice de Survival International France et Espagne. Dans le cadre de son Master en anthropologie culturelle, elle a travaillé sur le terrain avec le peuple autochtone Mapuche au Chili. Elle coordonne les campagnes Décoloniser la protection de la nature et Le Grand Mensonge Vert de Survival et s’est rendue dans de nombreuses communautés en Afrique et en Asie qui sont confrontées à des violations des droits humains au nom de la conservation. Elle s’est aussi rendue dans des communautés autochtones de Colombie et travaille dans la campagne des Peuples Non Contactés de Survival.
 
 
Ci dessous, le temoignage de Paulette, diffusé à 30'04'' de la conférence