A Romainville se joue tous les jours un risque majeur. Celui de voir partir par les airs et les racines, une forêt qui a poussé tandis que les humain.e.s enfin laissaient tranquille un lieu où ils avaient déjà bien ponctionné la richesse.
Sur ce côteau à moins de 2 km de Paris, en 60 ans la nature a repris ses droits sur une ancienne carrière de gypse. La densité de la végétation, les lianes, les arbres et les buissons sont devenus un havre de paix pour la faune sauvage. Sauvage oui, la vie de nouveau est devenue sauvage sans l'action de l'homme. Il y a dans cette foret 146 espèces de végétaux. En 10ans, entre 2001 et 2011, 2 espèces de reptiles protégées ont conquis la forêt. On y trouve 33 espèces d’oiseaux dont 23 protégées, et enfin des hérissons et des écureuils, des lapins et des renards. Et pour pouvoir réaliser l'abattage des arbres il a même fallu élaborer un dossier d'inventaire du vivant sur place pour obtenir des dérogations affranchissant la Région des obligations liées aux espèces protégées. Dérogations qui sont un permis de tuer.
Pour les défenseurs de la nature c'est un lieu de foisonnement et de senteurs, un paradis retrouvé. Même si cela est défendu, il est agréable à nombre de résidants de promener son chien après avoir franchi une palissade fatiguée.
Pour les promoteurs et les riverains "orthodoxes", c'est un terrain vague. Un potentiel. Une aubaine. Des hectares allentours sont déjà dédiés aux riverains, des parcs avec installations sportives et ludiques qui ne sont plus entretenues par le département. Forcément cela coute cher. Alors, toutes ces étendus de parc sont une sorte de mine d'or inexploitée. Combien d'immeubles à construire pour accueillir la pression démographique ? Au centre, la forêt pourrait devenir le nouveau parc, l'espace vert dédié à une densification de la population colossale sur la ville de Romainville.
Il y a donc un immense projet de ratiboiser la forêt d'un tiers de sa surface, 8 ha sur 27, pour en faire une base de loisir. Pour sécuriser le sous-sol, ancienne carrière de gypse, il faudra après abattage couler du béton. Des tonnes de bétons qui vont venir combler les galeries, véritable reservoir à eau pour les racines des arbres, elles-mêmes servant de maillage consolidant pour le terrain. Un terrain naturelement stable tant qu'il reste en équilibre. Mais les bulldozers ont la parole. A terme ce béton va bien-sûr faire mourrir la forêt par assidification.
Alors des citoyens se lèvent depuis début octobre pour résister à l'assaut de la Région qui ressort ce projet vieux des années 90. Les citoyens désobéissent et osent s'opposer aux bucherons dans des actions de blocage non-violentes. Les travaux sont effectivement bloqués. Les soutiens viennent d'un peu partout. Et cela n'arrange bien sur pas la Région. Tout pourrait facilement se dénouer grâce à la concertation pour réviser un projet qui ne prend plus en compte les urgences environnementales qui ont émergé en 26 ans. Pourtant depuis le 23 octobre les choses se crispent et se radicalisent. Pas du fait des militants et des opposants au projet mais bien de celui de la Région. Un durcissement de la position des services de Valérie Pécresse qui fait le choix de la repression en poursuivant devant le Tribunal Administratif de Montreuil un groupe de sept militants. L'audition a lieu le 7 novembre prochain à 14h30. Des soutiens sont attendus sur place ce jour-là d'après nos informations.
Le dossier ne va pas vers l'apaisement, parce que la Région refuse la concertation et qu'actuellement la mobilisation grossit pour protéger la Forêt sauvage de la Corniche des Forts à Romainville.
Néo