Edito : Libérer les protecteurs·rices de la sentience !

Rédigé le 11/03/2019
Néo ...

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A avoir voulu faire entendre la voix de celleux qui se débattent pour ne pas subir la mise à mort par les humain·e·s, des activistes animalistes sont aujourd'hui en détention préventive en Suisse dans le cadre d'une enquête les visant. Parmi elleux, MATTHIAS, joyeux homme, engagé intransigeant, enfermé depuis plus de 100 jours, et qui supportait par décision du procureur, une prolongation de 90 jours de sa détention préventive dans une procédure judiciaire étonnement disproportionnée.



 



Au centre du débat, la sentience. La faculté, scientifiquement soutenue par les recherches éthologiques, qui montre que des Êtres non-humain·e·s ont des sentiments et la conscience d'eux-même, d’un intéressement à vivre le plaisir de leur vie, et donc ont la conscience de leur péril programmée en entrant dans les abattoirs.
Ce système qui enferme les défenseurs·seuses de la sentience est le même qui silencise les cris des autres animaux. Leur seul objectif étant de faire taire le courage et la ténacité à la désobéissance pour l'éthique.

Le système spéciste est organisé en marché à la recherche du profit maximum. Il fonctionne par quotas et autorisations d'Etat. Il survit difficilement grâce à des subventions octroyées par des commissions technocrates. Malgré tout le soutien dont il bénéficie, le secteur vit une grave crise au point où un agriculteur se suicide tous les 2 jours. Pourtant les penseurs·euses du système s'acharnent. Iels continuent de sélectionner génétiquement les espèces pour du rendement musculaire, chasse hors de ses territoires la vie sauvage. Dans sa toute puissance, l’humanité fait de la sentience une marchandise dans un maillage complexe d'intérêts et de manipulations apathiques. Ce grand barnum n'est donc que choix politiques et économiques.

Tout ces choix sont soumis à une organisation humanocentrée du rapport à la planète. Tout est considéré comme ressource par l’humain·e sans qu’à aucun moment il ne considère l’environnement comme partagé, multidimensionnel du point de vue de la diversité des espèces y ayant leur propre environnement. L'organisation de la capture, de la production et de l'abattage des autres-animaux considéré·e·s comme protéines destinées à l'alimentation des omnivores carnistes devient alors une froide aberration systémique tant par ses impacts éthiques et écologiques que dans ses présupposés d’apports nutritionnels incontournables, depuis que l’humanité a la capacité de synthétiser la B12. Il est urgent d'envisager ce système du point de vue de son obsolescence et non d'une soi-disant culture civilisationnelle de l'humanité ou d’une quelconque nécessité économique.

Considérant ce qui se passe dans les abattoirs, la manière dont est structuré le secteur de l’exploitation animale, ce que représente d’oppression le dogme spéciste à l'encontre d'individu·e·s non-humain·e·s, les activistes animalistes deviennent des Résistants. Iels s’opposent à l’immense organisation qui érige le suprématisme en principe. Les états les enfermant cherchent eux à protéger le système et flirtent aisément avec l’immoralité. Les consommateurs·rices et les organisateurs·rices de ces secteurs soutiennent la tradition. Toute la chaîne des acteurs·rices du système est responsable alors même que l’opinion publique se positionne majoritairement contre ces tueries massives. Il y a dans cette dissonance le ferment du mensonge d’État. Ces prisonnier·e·s sont éminemment politiques.

En France, la loi alimentation de 2018, dans son échec, a fait reculer le débat comme jamais. Les lobbies ont repris le pouvoir et tout dans les discours montre à quel point le modèle ne sera remis en cause qu'à force de contre lobbying.
Il émerge donc l’urgence d’une réflexion nationale éthique, telle que celle qui a donné lieu à l'abolition de la peine de mort. Sans un positionnement nouveau, révolutionnaire et progressiste, devant l'imminence de l'effondrement systémique auquel contribue l'élevage d'Êtres dans le seul but de la boucherie ou la capture en milieu naturel, il n'y aura plus rien dans cette humanité qui puisse encore nous émouvoir mais surtout qui puisse lui permettre d'exercer sa compétence à stopper la logique de l'anthropocène. Ainsi, devant le temps qui la surprend, elle devrait sur le champ reposer les bases de sa contribution au vivant.

Ainsi, dans une détermination grandissante, des opposant·e·s tentent de sauver les Êtres SENTIENT·E·S de ce dogme fatal qu'est le spécisme. Iels sont Résistant·e·s contre les bottes de caoutchouc qui piétinent la dignité de la sensibilité consciente, qui foulent les couloirs des élevages, des abattoirs ou les ponts des navires où il y a autant de souffrance qu'il y a de millions d'individus pris dans les filets. Iels sont Résistant·e·s contre d'autres bottes faîtes des peaux des autres animaux et chaussées par les polices du monde qui abattent, démembrent, énucléent sans vergogne, justifiant leurs actes en désignant les Résistant·e·s comme criminel·le·s.

Partout dans le monde, l'oppresseur·e a droit de mutilation, de contention et assure ainsi l'éviction des forces critiques de son système routinier évoluant sur rail tels les crochets à carcasses. Inexorablement le pouvoir des humain·e·s suspend les réfractaires comme les résigné·e·s non-humain·e·s à ces crochets pour lentement tenter de faire glisser leur conscience vers une mise en barquette où chaque neurone doit être digéré et recyclé.

Matthias, Eden, Sacha, Lou ou Alix ont été comme accroché·e·s à ce rail par une Justice complice d'un système sans éthique. Cette Justice fait primer les intérêts financiers et économiques sur ceux de la vie et de son respect. Voilà 100+ jours de détention préventive pour MATTHIAS, 100+ jours faits pour briser la puissance de la Résistance. La lutte pour la libération des Êtres sentient·e·s fait face à une hydre qui ne veut rien respecter que le silence soumis et aseptisé. Face à celleux qui crient, elle déploie ses armes et détruit. Les forces spécistes à l’œuvre ont apprivoisé la mort et l'art de la donner. Les États et les entreprises n'ont aucune retenue dans l'affirmation de ce droit à tuer ou à réduire au silence et l'éthique est soluble dans ce pouvoir quand il s'exerce avec l'assentiment des populations complices.

Les batailles idéologiques ne suffiront donc pas à assurer la Libération. Rien ne se transforme vraiment dans les seules oppositions. D’ailleurs, si les optimistes osent faire l'inventaire des acquis, les pessimistes nous montrent à quel point rien ne change vraiment, si ce n'est que cela empire puisque tout acquis chèrement gagné est vite repris par les complices.

Dès à présent, les forces de progrès terriennes doivent chercher à s’unir et forcer les organisations à changer de paradigme. Ne plus laisser croire en une culture traditionnelle et permettre à chacun de s'en affranchir. Offrir une réflexion individuelle sur sa façon de concevoir sa place de Vivant·e dans le monde et sa conscience de ce qu'iel ingère pour y vivre.

Les Etats vont bientôt se confronter au chaos anthropocénique dans lequel ils entraînent leurs peuples et il n'y a aucun pouvoir qui puisse nier la sentience sans se désigner lui-même criminel. Les forces de progrès et de Résistance doivent se tenir prêtes à conquérir un pouvoir vacillant de fait. Plus que jamais la confrontation idéologique devient lutte politique.

Libérez les protecteurs·rices de la sentience !

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