Le 4 janvier 2023 au matin, Charlotte et Adrien, deux militant·es engagé·es dans le mouvement Dernière Rénovation, auront aspergé le portail de l'hôtel Matignon pour protester contre l'inaction climatique du gouvernement, celui d'Elisabeth Borne, qui fait aussi peu que les précédents gouvernements.

Dernière rénovation est un mouvement de résistance civile menant campagne pour obtenir un plan de rénovation thermique des batiments, en finir avec les passoires énergivores du pays. Cette campagne s'inscrit dans une internationale (reseau international A22) et l'action de mercredi aura fait echo à celle organisée par Ultima Generazione le lundi précédent avec cette fois une aspertion sur le Sénat italien. Les militant·es déclarent "Nous sommes sur une autoroute vers l'enfer climatique avec le pied sur l'accélérateur et la réponse du gouvernement italien est plus de forage et plus de centrales à charbon."

C'est le mouvement d'une génération qui ne veut plus se contenter des constats sur la situation climatique ou des annonces soporifiques des dirigeants parce que la perspective est celle d'un chaos à venir remettant en question même l'existence des personnes.

Quand Charlotte déclare "Je veux vivre ! ", son désarroi et sa peur sont l'expression même d'un sentiment jamais vécu à ce jour par aucune génération d'humain·es. La fin est proche semble-t-elle nous dire avec la certitude que seule l'action permettra d'être entendu·e. Maintenant les instances sont tellement difficiles à solliciter malgré les évidences. Il s'agit de forces d'inertie, d'un modèle de développement de l'humanité qui s'est dupliqué dans toutes les structures de ses activités et interactions au point où sans elles nous ne sommes plus en paix, en possibilité de survivre. Nous ne savons plus exister sans énergie de masse ; nous ne savons plus vivre sans elle parce que notre développement ou simplement notre vie quotidienne lui est assujétie, tout est lié à elle. "L'énergie caractérise le changement du monde, elle l'organise donc..." affirme Jean-Marc Jancovici.

Le désespoir et la colère qui amènent à projeter de la peinture orange sur les portes d'un haut lieu de l'état sont proportionnels à l'incapacité ressentie chaque jour par cette humanité d'avoir son destin en main et de pouvoir faire des choix justes et radicaux. Ces jets de peinture sont des actions disruptives dont la désuétude paradoxalement interpellent et créent de la pression. Elles auront valu 24 heures de garde à vue à Charlotte finalement relachée et abandonnée à son anxiété par un État malade de ses carcans qui ne sait traiter la situation qu'en attaquant en justice celleux qu'il est censé protégé. Les intérêts privés et capitalistes rejettent toute action politique efficace. C'est de la tenacité et de la détermination qu'il faudra dans ces campagnes.

Reste à savoir une chose : lorsque les marches, les actions en justice, les alertes scientifiques, les rapports, les actions symboliques… n’ont pas suffit, comment faire pour obtenir cette première victoire ? Étant donné l’ampleur du travail, nous devons obliger l’Etat à utiliser sa force de frappe pour lancer un plan de rénovation globale. Demander gentiment ne suffit pas, nous devons créer une contrainte.

Car depuis des années ce ne sont que postures de communication pour alimenter un statu quo criminel et hors la loi. Lorsque Dernière Rénovation asperge l'État c'est pour visibiliser ses graves manquement et ses condamnations, l'une en février 2021 pour inaction climatique, l'autre  pour préjudice écologique en octobre 2021. L'État dépasse depuis 2015 les plafonds des emissions de gaz à effet de serre. Il devait y avoir une compensation avec une deadline fixée au 31 décembre 2022 par le tribunal administratif en octobre 2021. Décembre 2022, la France n'a toujours rien compensé, pire 2022 aura vu une augmentation des émissions de CO₂ qui reduisent de moitié les chances d'éviter de dépasser les 1,5°C de réchauffement d'ici neuf ans. Pour contenir ce rechauffement à 1,5°C, il faudrait baisser de 45% les emissions de gaz à effet de serre. Le compte n'y est pas !

Face à cette situation, nous subissons les postures cyniques d'annonces non suivies de faits. Se présente à nous, un pantin manipulateur qui ose concernant le réchauffement climatique, lors de ses voeux 2023, jusqu'à la plus incongrue question rhétorique "Qui aurait pu prédire... ?"

Sur le climat, nous entendons depuis des années les pires prédictions, nous en vivons déjà certaines à présent. Or la seule réponse c'est la manipulation d'État incarnée sans vergogne. Ce Président qui organisa une Convention citoyenne pour le Climat et dont il balaya d'un revers de main la plupart des préconisations, lui qui reçoit les condamnations sous deux mandats, nous laisse donc croire que tout commence. Dans sa toute puissance, il pense ainsi effacer l'ardoise. Il faut pourtant passer à la caisse !

Et pour cela, des citoyens et citoyennes ordinaires veulent faire appliquer les engagements auxquels le gouvernement refuse de se plier. Iels entrent en résistance civile. Dernière rénovation se déclare comme la dernière génération qui vit l'ancien monde qui se meurt. Et si la peur est le moteur de leur résistances, iels ne veulent plus y céder: "Nous nous élevons à la hauteur de qui nous sommes." Des individu·es qui refusent la fatalité et voudront se faire entendre sur tout le territoire. Ce n'est pas seul·es qu'iels y arriveront. Iels ont besoin d'activistes et de relais. L'appel qui est formulé aide à sortir du fatalisme du monde ancien. Dernière renovation c'est un moyen de faire pression pour agir vite en faveur de la reduction des Gaz à effet de serre. 20% de ces gaz proviennent du secteur résidentiel ou tertiaire et 12 millions de personnes subissent la précarité énergétique. La rénovation globale du parc immobillier permettrait d'agir sur le rechauffement climatique et également pour la justice sociale, en évitant par exemple 2200 morts causées par les passoires thermiques. Dernière rénovation rappelle l'insuffisance des rénovations anuelles (2500) qui ne permettent pas en 10 ans de rénover l'ensemble du parc sinistré évalué à 4,8 millions de passoires thermique. Efficacité climatique et justice sociale, voici deux notions essentielles de notre avenir qui necessite un mouvement citoyen de forte ampleur. Mobilisez-vous !  Allez à la rencontre des résistant·es lors des réunions publiques (programmation) dont le titre est Nos responsabilités face à ce moment de l’histoire.

En plus du travail de Convention Citoyenne pour le Climat, nous avons des études précises et concrètes prêtes à l’emploi faites par les ONG et les professionnels du secteur : Scénario Rénovons, Shift Project, Idrii, Institut Rousseau…

Tous concluent par la faisabilité financière et matérielle d’un tel plan et insistent sur ses multiples bénéfices sanitaires, climatiques, sociaux, économiques.

Martha.

Mise à jour 06/01/23

Nouvelle Action au Ministère de l'écologie

Ressources

Dernière rénovation

L'affaire du siècle

Notre affaire à tous

Extinction Rebellion France

The last generation

Ultima Generazione

Des documents

Jet de peinture sur oeuvres d'art

La convention citoyenne pour le climat

Site gouvernemental enrobé

Les 149 mesures de la convention citoyenne pour le climat

Etat des lieux de l'échec de la CCC, inventaire des 149 mesures par le magazine REPORTERRE