#Metoogay, une nouvelle époque de lutte LGBTQI+

Rédigé le 26/02/2021
Martha M

(Cet article ne dit pas que tous les hommes cisgenre sont prédateurs)
Temps moyen de lecture: 4 minutes

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Un #Metoogay

Face au patriarcat, à son hégémonie cultuelle*, binaire et cisgenrée, c’est une nouvelle période qui s’ouvre dans la lutte pour les droits LGBTQI+.
La [jeunesse] Queer Féministe et Antifa se rassemble le 27 février à Paris après l’émergence du #Metoogay, pour en finir avec la domination masculine, les codes sociaux patriarcaux et faire respecter les droits des victimes du virilisme.

Le 21 janvier 2021, le militant Guillaume twittait le message suivant:

 

 

En osant la parole, c’est toute la communauté qui le soutiendra et une multitude de témoignages de cas similaires vécus par de nombreuses personnes qui émergeront. Ce dont il est question ici, c’est de la culture du viol existant dans la communauté homosexuelle. Aussi aberrant que cela puisse paraître, et pourtant dans une logique implacable, on observe dans le milieu homosexuel une prédation de la part de personnes cisgenrées hommes, bénéficiant des même privilèges que les hétéro cisgenres. Ils prennent l’ascendant sur les personnes le plus souvent jeunes dans des assauts de rapports non consentis.

Nombreu·ses·x d’entre nous pourraient raconter des expériences de jeunesse dans lesquelles des modèles usèrent de leur autorité, d’age, socioculturelle ou économique pour contraindre notre naïveté ou exploiter notre précarité ou notre besoin de présence amie dans la solitude de notre condition. Quand Guillaume écrit qu’il lui a fallu 2 ans pour prendre conscience et nommer l’agression qu’il a subi, cela indique à quel point les comportements d’attouchement sans consentement sont, dans notre milieu, intégrés comme une norme alors qu’il s’agit en fait de prise de pouvoir sur nos corps. Des hommes cisgenres font des victimes partout parce que le système viriliste, la valorisant, porte en lui-même la toute puissance du chasseur-prédateur. Le patriarcat, commun aux hétéro/homo cis, donnerait ainsi des privilèges criminels communs ; c’est la binarité cisgenre qui est en question et dont doivent tomber les murs de la forteresse, du cistème.

S’il y a présomption d’innocence toujours, certains comportements usuels dans notre milieu rendent plus que probable l’agression qui fait des victimes toujours. Et si croire la parole qui se fait c’est une chose essentielle, cela reste insuffisant. Pour la victime la solitude se porte dans sa chair. Guillaume, se suicidera le 9 février victime du dénigrement et du harcèlement d’après ses proches du collectif. Le système met du temps à réagir laissant peser sur la seule victime l’onde de choc de sa révélation.

 


Photo: Emmanuelle Thiercelin 31.01.2021

 

 


Une nouvelle époque de lutte

C’est donc une nouvelle époque de lutte qui naît avec le #Meetogay et le décès de Guillaume. Le collectif Paris Queer Antifa souhaite mettre un terme aux violences sexuelles en initiant une prise de conscience collective au sein de la communauté. Et dans ses revendications,  pour la première fois, dans la rue, c’est tout le cistème qui doit répondre de sa violence. des prédateurs hommes cisgenre sont aussi dans notre communauté.


La lutte devient alors globale, convergente et intersectionnelle, enfin, car le suprémacisme et la loi du plus fort imposés dans la violence sexuelle créent des victimes auprès des femmes, des jeunes gays, des non binaires et des personnes racisées. Depuis des générations, il y a fétichisation des corps de tou·tes·x celleux qui deviennent objets de pulsions agressives quand iels n’appartiennent pas à la classe des hommes cisgenre. En découlent, l’impunité autocentrée du désir masculiniste, phallocrate, qui discrimine toute personne potentiellement « pénétrable » et développe le sexisme, l’ambivalence transphobique, et un colonialisme sexualisé, un racisme, un ensemble donc d’agressions permanentes dans le non consentement par des mecs qui prennent le pouvoir sur les corps.

Pour que cela ne se produise plus le collectif Paris Queer Antifa, entend rassembler toute les forces de lutte contre les LGBTQIphobies et les violences patriarcales pour protester fort dans l’élan de #justicepourGuillaume. Le droit d’être soi dans un monde safe et de ne plus être victime de quiconque dans l’expression de soi, ce sera l’objet du rassemblement du 27 février.
Le collectif en appelle à une vraie politique éducative en faveur de la connaissance de la diversité LGBTQI+ pour en finir avec les tabous de la société autour des existences non cis-hétéronormées qui génèrent les LGBTQIphobies et tous les actes de violences qui en découlent. Par ailleurs, des réformes juridiques et éducatives permettraient  d’en finir avec une espèce de croyance en une « intégration sociale » des LGBTQI+ qui masque par le « pinkwashing » la réalité de l’oppression masculiniste. Par la prédominance masculine, le capitalisme, en exploitant le Rainbow Flag ou  la notion de gay-friendly, a renforcé les inégalités et les discriminations.

Depuis quelques temps maintenant, les TransPédéGouines remettent en mouvement la lutte pour la Libération et s’opposent à l’exploitation de la culture Queer, ne se reconnaissent en rien dans une assimilation sociétale qui ne fait que cacher la réalité de la discrimination du groupe LGBTQI+ quand le « G » se conforme parfaitement aux privilèges cis.

Le collectif en appelle à la révolution féministe qui peut porter de manière convergente toutes les luttes contre le patriarcat, pour en finir avec TOUTES les violences sexuelles et sexistes. C’est une riposte populaire qui est espérée par le collectif, contre l’ordre établi des hommes cisgenres

Départ de la manifestation à 13h00 de Pigalle pour se rendre à la place de l’Hôtel de Ville. Plus que jamais Déter.

 

Martha.


 
 
* Cultuelle parce que celleux qui le défendent vouent un culte sans nom à ses représentants ; de grands hommes, qui pourtant n'ont de cesse de soumettre à leur diktat nos désirs ou nos opinions. Les dieux vivants que veulent représenter les tenants du patriarcat sont des oppresseurs caracteriels le plus souvent. Il est temps de s'affranchir de ces idoles qui ne représentent qu'elles-même. Libération !