18/10/2019

Convergence et tautologie

On peut parfaitement dénoncer les injustices sans les faire se marcher dessus. Il suffit de laisser l'espace à tous les mouvements de s'exprimer.

 

Temps d'écoute : 18'24''

 

 

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Temps de lecture : 13 minutes

 

Bonjour ou pas.

« c'est quoi encore cette formule ?
nan mais c'est bien il tente des truc. Bon là ça a aucun sens parce que du coup il a quand même dit bonjour.

Maintenant que nous avons parlé de la mise en place des discriminations systémiques, nous allons parler de leurs conséquence et de la manière dont on peut les aborder.
Qui dit discrimination dit
« discrimination »
bravo ! Excellent hahaha ! Prix nobel de l'humour
merci merci ! Je voudrais tout d'abord saluer mes parents sans lesquels je n'existerai pas...

Merci pour cette tautologie.
Te la pète pas trop toi parce que tu en fait une dans 5 minutes.
Qui dit discrimination dit lutte sociale.
Et qui dit lutte sociale dit :
- Changement culturel !
Et ?
- et activisme ?
Et ?
- Ben je sais pas moi...
Et militan.te.s. Forcément sans militant.e.s pas de lutte. D'où l'importance d'avoir des espaces bienveillants et constructifs afin de protéger les militant.e.s et les luttes.
- C'est ce qu'on appelle l'intersectionnalité.
Non. L'intersectionnalité c'est le fait de subir plusieurs oppression à la fois.
- Ah ben c'est ce qu'on appelle la convergence des luttes alors !
Non. La convergence des luttes c'est le fait de réunir différentes luttes sociales dans un même mouvement et par extension prendre en compte les différentes oppressions dans sa lutte.
- ben ça s'appelle comment alors ?
Ben ça a pas de nom. On pourrait appeler ça de la bienveillance élémentaire peu être ?

Les modalités d'oppression étant différentes il est donc logique d'avoir des luttes différentes qui vont se servir des conséquences pour dénoncer les causes. Malheureusement le procédé n'est pas toujours efficace. On va par exemple parler du racisme ou du patriarcat comme cause des oppressions. Or comme nous l'avons vu, ce sont en réalité des causes secondaires. Les causes communes étant la compétition, l'ignorance et le dogmatisme. Un principe est alors énoncé pour protéger les luttes : celui de ne pas faire de comparaison. Et bien que celui ci soit compréhensible, il peut nous enfermé dans un déontologisme dangereux puisque porte ouverte au dogmatisme.

« là par exemple ça serait bien d'en donner un. D'exemple »

Mieux qu'un exemple voici un exercice. Selon vous de quelle oppression parle t-on ici :

« Pour abolir cette discrimination il faut s'en prendre à ses valeurs, à l'idéologie dominante, à l'ensemble des constructions sociales qui la maintiennent en place.
Mais cette solution seule ne suffit pas. Il est nécessaire de s'attaquer à ses conséquences, aux institutions formelles ou informelle de ce système. Car ses conséquences deviennent causes et verrouillent toute avancée possible. Elle retire aux individus le contrôle et la liberté de leur corps en les soumettant aux valeurs oppressives de la société.
Oui certaines victimes peuvent bénéficier des conséquences de ce système, certaines seront lésées par sa disparition. Il est impératif de les accompagner, que ce soit pour surmonter les séquelles, pour pouvoir vivre sereinement dans des conditions décentes et pour ne pas être livrer à elles mêmes du jour au lendemain. Le bien commun ne peut pas s'arrêter au bénéfices de certain.e.s.
Même si le choix de faire partie de ce système était conscient, cela ne pourrait pas justifier son existence car d'autres en pâtissent. La libération passe nécessairement par sa destruction.
Cette oppression est invisible puisque normative. En voir les parties les plus visibles ne doit pas focaliser notre attention au détriment de ses parties invisibles tout aussi condamnables. Les 2 doivent être combattues de front.
Aucune méthode n'est parfaite et nous en débattrons jusqu'à la fin mais ne rien faire serait catastrophique. gardons en tête l'objectif et évitons les demis mesures qui pousseraient notre lutte dans une voie de garage.
Cette discrimination est forgée par le dogme, la compétition, la hiérarchisation, la domination et l'essentialisme.
C'est l'heure de se regrouper, d'en parler, de réfléchir ensemble et d'élaborer des stratégies car nous sommes tou.te.s concerné.e.s d'une manière où d'une autre. Nous sommes tous une partie de ce système qu'on le veuille ou non. »

« C'est évident qu'on parle de misogynie »
n'importe quoi, on parle de racisme là
non on parle de sépcisme c'est évident
moi je pense qu'on parle de prostitution, ou de voile.
Vous êtes sur que c'est pas juste de spécisme ?
Bon du coup c'est quoi la solution ?

Toutes. Eh oui, ça peut être n'importe quelle oppression.
- Mais si cette description s'applique à toutes les discriminations alors c'est une forme de comparaison mais si on peut pas comparer les oppressions du coup on devrait pas les définir...
*bug* long bip

On se rend bien compte qu'il est donc possible de comparer les oppressions sur certains aspects : Que ce soit le statut des opprimés, certaines conditions de traitements, certains mécanismes d'oppressions. Et c'est normal puisqu'elles sont une déclinaison des mêmes schémas de rejet et de protection intrusive. Par exemple on peut comparer l'infantilisation des femmes, des personnes racisées et des enfants. On peut comparer les mécanismes qui poussent à croire que l'autre est inférieur.e. Si toutes les discriminations proviennent des mêmes causes il est logique que de comparaisons puissent se faire. Si le référentiel est le même alors on peut comparer. C’est mécanique.
 
En fait quand on dit qu'il ne faut pas les comparer, ce qu'on veut dire c'est qu'il ne faut pas les mettre en concurrence. Il est vrai qu'il n'y a aucune raison d'accepter une injustice. En dessous d'un certain seuil elles méritent un mouvement d'opposition.

- Oui mais si on parle de seuil alors on hiérarchise donc on retombe dans les comparaisons.

Eh oui. C'est ce que cherchent à éviter les militants qui défendent l'idée qu'il ne faut pas comparer les oppressions. Pourtant, des hiérarchies on en fait et elles sont mêmes inévitables. Quand on considère que la discrimination envers les roux n'en n'est pas vraiment une ou que le virilisme et sa masculinité toxique sont secondaires dans les luttes féministes. Hiérarchiser n'est pas un problème en soi. Prioriser ça a du sens car même si les enjeux sont différents, eh bien ils sont différent.

- ca y est on l'a perdu. Le mec a tellement vulgariser qu'il fait des tautologies... ah mais c'est de ça dont tu parlais ! Attend mais comment t'a su ? Tu connais le futur ? T'es omniscient ? Tu as une machine à remonter le temps ?
- Non j'ai juste lu le script.

Je m'explique : Bien que ce que les opprimés subissent soit différent d'une oppression à l'autre, voir même d'un individu à l'autre, on peut percevoir différent degré d'oppressions. Nous vivons dans un monde aux ressources limitées et donc aux moyens de lutte limités. Si le but est de minimiser les souffrances et maximiser le bonheur alors il nous faut prioriser. Notre énergie doit être dirigée en premier lieu vers les souffrances les plus grandes et les souffrances les plus nombreuses. Il est logique de consacrer plus d'effort à l'abolition de la politique anti-migrant qu'à l'accès aux métier de l'enfance pour les hommes.

Ce concept n'a jamais eu autant de sens que dans l'antispécisme d'ailleurs. Bien que nous défendions les intérêts des autres êtres sentients, une approche possible est celle du gradualisme. Le gradualisme c'est considérer que l’intérêt à vivre d'un individu est corrélé à son degré de sentience. Par exemple c'est penser que l'expérience propre d'une mouche étant moins riche que celle d'une vache, on va accorder plus d'importance aux intérêts de la vache.

- mais c'est spéciste !

Absolument pas. Nous ne sommes pas en train de dire que le critère d'espèce est pertinent pour décider de la manière dont un être peut être traité. Nous sommes en train de dire que les individus doivent être traité en fonction de leur capacité.

ah ben du coup c'est capacitiste.

Non. Le capacitisme est la discrimination stigmatisant les personne en situation de handicape.

ok c'est pas le bon terme mais tu vois ce que je veux dire

tu t'épuises pour rien. Laisse moi m'occuper de ça moi antith éthique gardien de la neutralité seigneur de l'opposition et maitre des trolls. Votre verbiage pompeux prétendant délivrer une vérité générale échoue à dissimuler son inévitable subjectivité. Que ce soit le critère d'espèce ou le critère de sentience, ils sont arbitraires et ne peuvent être justifié universellement. Il n'y a aucune raison de défendre l'un plus que l'autre si l'on cherche à rester neutre.

Fulbert c'est à toi de jouer là non ?

Négatif. Antith à raison. Bien que ce soit une tautologie.

Encore ? Mais c'est la saison ou quoi ?!

Défendre la neutralité est déjà une intention et donc une perte de neutralité. Aucune intention ne peut être défendue sans subjectivité.