Temps d'écoute : 36'11''
Encore un long chemin.
Le samedi 30 mars, avec 269 Life France, le matin place de la République à Paris, L214, l'après-midi place Saint-Michel, la Journée Mondiale pour la Fin de la Pêche aura été soutenue par des actions de sensibilisation auprès du grand public.
Quand Yves Bonnardel(*) dit que ce combat sera long, il sait ô combien il est difficile de faire appréhender la condition des individu·e·s aquatiques sentient·e·s persécuté·e·s par les humain·e·s.
En effet, en observant le peu d'atroupement de passant·e·s lors des deux actions, en percevant la distance émotionnelle dont ont fait preuve les interlocuteurs·rices à notre micro, on voit à quel point cette lutte n'en est qu'à ces débuts. Il faut bien se faire une raison, les 1000 à 3000 milliards d'habitant·e·s des contrées subaquatiques arraché·e·s à leur milieu sont bien peu considéré·e·s par les personnes que nous avons rencontrées. Il va falloir du temps, tant éthiquement que politiquement, pour envisager ce que la pêche provoque de drame .
Le poisson souvent décompté en tonnage, s'est vu réifié au fil des ages, considéré comme biomasse et manne de protéines qui, ne criant pas durant son agonie, ne souffre pas. Chaque personne rencontrée ce jour de mars, était soit abasourdie des informations entendues, soit méprisante au regard de priorités prétendues autrement plus sérieuses que la vie d'un poisson. Il y a une vraie difficulté à se projeter avec empathie dans la souffrance des poissons et il y a encore de longue heures de lutte à engager pour permettre au public d'intégrer une donnée probablement essentielle pour l'évolution sur la planète : la sentience d'innombrables êtres vivants en milieu aquatique.
Tant que la sentience ne deviendra pas un sujet sociétal, les humain·e·s ne pourront comprendre ce qu'iels détruisent non SUR LA planète mais DE planète{s}. Oui l'avenir du monde est en fait un avenir DES mondes. Continuant de penser sa supériorité sur la/sa planète, l'être humain·e ne peut concevoir la multitude de milieux qu'iel écrase de sa suprématie. La lutte pour la libération animale ne pourra pas se contenter à l'avenir de la sempiternelle bonne volonté de certain·e·s querellé·e·s par la voracité des autres. Le coeur du débat n'est plus les animaux mais les individus, des personnes non humaines pour qui les choses importent en terme de plaisirs et de satisfactions, de paix, DANS LEUR MILIEU. Chacune de ces personnes vivant son milieu en parallèle d'autres, devrait avoir droit au respect de son territoire sans risquer d'y voir intervenir les humain·e·s. Ainsi, les chalutiers, n'ont rien à faire sur l'eau. Non pour protéger la faune, mais parce que ce milieu n'est pas fait pour être investi. La surface n'a pas lieu d'être franchie tant que les humain·e·s ne s'y présentent non-violent·e·s. Si ce discours semble naïf ou utopique, il est le seul opposable au réalisme extractiviste des humain·e·s qui asphyxie la moindre parcelle de vie. Continuer de cautionner un tel système est une aberration éthique.
Puisque les êtres sentient·e·s sont sensibles et aiment ou apprécient leur vie au même titre que nous, ce n'est plus seulement des animaux qu'il faut libérer ou ne plus manger. Et si auprès des personnes spécistes, ne plus manger d'animaux était considéré comme une incongruité contre-nature, avec la sentience, il y a bien plus fou encore à concevoir. C'est la vertu dérangeante de cette Journée Mondiale pour la Fin de la Pêche : manger un être sensible, même un poisson, c'est avant tout manger quelqu'un·e. Ne plus manger d'animaux, c'est ne plus manger personne.
Il sera long le chemin. Mais comme le dît le Philosophe à notre micro, "je me bats pour rendre ce monde profondément haïssable, aimable*. "
Néo