Je défends les mains, les voix, les mots et tous les tracés qui ouvrent les brèches
Je ne défends aucun mur. Je ne défends aucune barrière.
Je ne défends aucune frontière.
Je ne défends aucun enclos. Je ne défends aucune geôle.
Je ne défends aucun château ni aucune cathédrale.
Je ne défends aucune citadelle ni aucun clocher ni aucune prêche.
Je ne défends aucun rail ni aucun trottoir.
Je ne défends aucune clameur de terreur ni aucun son de ralliement.
Je ne défends aucune sentence ni aucune pénitence ni aucune berne.
Je ne défends aucune nation, car je ne reconnais aucune patrie ni aucune autre sorte de fermeture.
Je ne défends aucun drapeau, aucun étendard, aucune couleur.
Je défends les pas qui marchent. Je défends les corps qui courent.
Je défends les âmes qui se posent et se reposent.
Je défends les routes sans fin. Je défends les souches sans racines.
Je défends les esprits qui voyagent. Je défends les pensées qui fusent.
Je défends les cris d’alerte, les hurlements de colère, les actes sans ordre.
Je défends la superposition de toutes les couleurs qui permet la naissance du noir lumineux.
Je défends les portes ouvertes et les murs effondrés.
Je défends une seule maison. Celle qui n’a aucun toit.
Celle qui n’est que fenêtres béantes et qui seule peut accueillir et chauffer le monde.
Je défends la liberté. Ma liberté. Votre liberté. Leur liberté.
Je défends les mains, les voix, les mots et tous les tracés qui ouvrent les brèches
vers ce seul bien qui n’est jamais acquis et qui pourtant possède tout.
Et dans les heures sombres ou brunes, je défends ma douleur. Et ma fureur.
Auteur : Système Plévreux
Un texte de 2017