18ème semaine de manifestation pour les Gilets Jaunes. La journée du samedi 16 mars 2019 aura connu un regain de dynamisme contestataire.
18 semaines de lutte. Un temps long. Une dynamique hebdomadaire de corps qui viennent fouler les pavés et l’asphalte pour faire entendre la voix d'un peuple entier puisque près de 50% des français soutiennent ce mouvement à ce jour.
Pourtant, dans le traitement et la prise en compte, il y a une étrange sensation que cela se passe en périphérie de la réalité revendicatrice. Décrite comme bruyante mais rendu inaudible en sens, la lutte est montrée comme dans une autre dimension où les heurts commentés sont volontairement montrés comme saccages insensés. Le mouvement Gilets Jaunes dans son acharnement et sa durée, montré comme une "Guerre des Boutons" pour adultes ?
Tous·tes les observateurs·rices semblant d'accord pour avoir identifié le Black Bloc en action, le saccage observé ne pourrait se résumer à une simple destruction crapuleuse de biens mais s'apparenterait davantage à des cibles choisies, des actes politiques, insurrectionnels.
Le Fouquet’s saccagé, ici sur la photo montré sans aucune personne alentours, ne serait donc pas la réalité pleine et complète. En effet, cela ne nous montre pas le résultat d'une action portée politiquement. Cette photo ne s'interesse qu'au bien et aucunement à l'acte politique. Volontairement prise sans aucune présence contestataire, elle rejette la revendication par le détachement, l’absence, la froideur. Elle dénonce un vandalisme et non une action politique.
Le restaurant Le Fouquet's, samedi 16 mars. ZAKARIA ABDELKAFI / AFP
Réduisant tout à la violence, on invisibilise alors le discours et la présence revendicatrice. Désincarnant ainsi la parole de la foule, le Pouvoir, insensible, tire dans le tas, couvrant les mutilations subies par les manifestants tout en continuant d'utiliser les LBD au nom de la violence rejetant ainsi toute possibilité de prise en compte de la contestation.
Or en s’attaquant hier de nouveau aux symboles et même si très vite ceux-ci retrouvent leur superbe ; l’arc de triomphe a été nettoyé, le Fouquet’s deviendra un chantier de restauration, et la marque « Boss » dont la renommée a survécu à sa contribution au nazisme, saura bien rapidement se relever de ce qui n’est autre qu’un aléa, la colère populaire ne cesse de construire son espoir de Révolution.
Le 14 mars dernier, une réunion publique "Fin du grand débat, début du grand débarras !" à la Bourse du Travail à Paris, montrait à quel point s’élabore une union intellectuelle autant qu'activiste qui pourrait faire basculer le mouvement dans l'idée de Révolution avec appel à la grève générale.
Voici quatre vidéo qui vous permettront de comprendre à quel point le mouvement Gilets Jaunes ne souhaite pas abandonner le terrain.
Frédéric LORDON, économiste et philosophe.
Son BLOG
Juan BRANCO
Son ouvrage
Jérôme RODRIGUES, Gilets Jaunes
Priscillia LUDOSKY, Gilets Jaunes