07/03/2019

Infanticide-validiste

Temps d'audition : 07'38''


 


Pour cette chronique Maxence réagit à l'acte de mort d'Anne Ratier envers son enfant de 3 ans, Frédéric. Il termine par une adresse.

Les questions que soulève le point de vue de Maxence sont essentielles pour une société de droits et d'égalité. Le fantasme et la construction sociale du capacitisme génèrent aujourd'hui des choix sociétaux oppressifs envers les altérités. Nous avons devoirs de dénoncer ces oppressions. La dictature de la norme, validiste entre autre, ne doit plus passer, au risque d'une société criminelle.



 


La transcription :

Temps de lecture : 5 minutes en moyenne

" Dernièrement, konbini a sorti une vidéo qui donne la parole à Anne Ratier, qui nous explique pourquoi elle a "décidé d'offrir la mort à son fils". Donc pourquoi elle a tué son fils en fait.

Je vais parler avec une voix très très calme parce que c'est un sujet qui m'énerve beaucoup; du coup ça va m'aider à canaliser ma colère, j'espère...

Du coup, Anne Ratier dans cette video, commence par nous dire donc, qu'elle a "décidé d'offrir la mort à son fils". Donc elle a décidé. C'est à dire qu'elle a prémédité la mort de son fils. C'est clairement un assassinat en fait.
Elle a décidé de tuer son fils, tout va bien, normal.

Et puis elle utilise l'expression "offrir la mort", comme on offrirait un cadeau. Sauf que c'est pas un cadeau, et t'as pas à décider si une personne doit vivre ou mourir.

Elle explique son geste par le fait que son fils était, je cite, "lourdement handicapé".
Donc elle a tué son fils en raison de son handicap. Donc elle considère que le handicap est une raison valable pour tuer une personne. ok. Je sais pas si vous réalisez la violence que c'est en fait.

Elle dit que son fils est lourdement handicapé. Sur une echelle de 1 à 10, c'est quel degré de handicap que j'ai, et est-ce que ça justifie qu'on me tue ? vraiment. Ça n'a aucun sens.

Du coup elle continue en expliquant le handicap de son fils, et elle disait qu'il fallait qu'elle lutte "avec lui, et contre lui" pour le nourrir. En fait tout le long de la vidéo, elle explique sa souffrance à elle. Elle a tué son fils, parce que elle n'était pas capable de s'en occuper.
Elle a tué son fils, parce que elle n'était pas capable de s'en occuper. C'est sûr que c'est très responsable comme comportement.

Elle dit à un moment donné dans la vidéo "j'avais peur que dès que je le pose, il allait mourir". Du coup tu l'as tué. Parce que quand tu t'inquiètes pour quelqu'un, tu le tues, comme ça tu n'as plus à t'inquiéter. Bah oui, c'est logique.

Et là dedans, le médecin de famille l'a confortée dans ses idées en lui disant qu'il n'était pas capable d'avoir des relations.
Il lui a expliqué que quand elle jouait avec lui, quand elle le lançait, je cite "quand tu fais ça tu apporte à son cerveau un bien-être qu'il retranscrit en riant" . Bravo Sherlock, c'est comme ça que fonctionnent tous les humains. C'est pas du tout une preuve d'incapacité à relationner. Au contraire.

Du coup Anne Ratier nous explique qu'elle devakt déclarer forfait. Elle admet tout à fait, et on est totalement d'accord là dessus,  que c'est parce qu'Anne Ratier n'était pas capable de s'occuper de son enfant qu'elle l'a tué.
Le problème là dedans, c'est que quand un parent dit qu'il n'est pas capable de s'occuper de son enfant et que c'est la raison pour laquelle il le tue, ça choque. Par contre, quand on dit que c'est parce que son enfant était handicapé, là c'est mieux, ça va, c'est justifié.

Anne Ratier nous explique qu'elle imagine ce qu'aurait été la vie de son fils, et comme ça correspond pas du tout à ce qu'elle imaginait pour lui, elle l'a tué.

Elle explique en détails comment elle s'y est prise pour assassiner son fils.

Elle explique au journaliste tous les détails de l'assassinat de son fils.

Elle était tellement soucieuse du bien-être de son fils, qu'elle a fait en sorte qu'il agonise pendant 3 jours.
Il a agonisé pendant 3 jours. Il a souffert pendant 3 jours.

Anne Ratier tu nous dis que si c'était à refaire tu le referais. Donc tu as tué ton enfant de sang froid, et tu ne regrettes pas du tout. Et si c'était à refaire tu le referais.

Tu nous dis que pour toi, la vie doit avoir une dignité. Mais du coup qui est-ce qui décide de si une vie est digne ou pas ? Si tu penses que la vie doit avoir une dignité, ok. Mais le fais pas subir à ton entourage. Fais pas subir ton idéologie comme ça à ton entourage. Et puis, c'est quoi être digne ? Est-ce que tuer un enfant de 3 ans cest digne ?  Est-ce que mourir au bout de 3 jours d'une lente agonie, est-ce que cest digne ça ? C'est une mort digne ?

Tu nous dis que t'as pas vérifié s'il y avait prescription ou pas, parce que pour toi la loi n'a rien à faire la dans, c'est au dessus.
Un enfanticide prémédité en raison du handicap, ça ne doit pas passer au dessus de la loi.
Un meurtre, c'est un meurtre.
A quel moment tu juges si ton acte est juridiquement répréhensible ou pas ?
C'est pas à toi de juger ça, et c'est pas à toi de décider si une personne doit vivre ou mourir.

Tu dis que tu aimerais qu'on se mette à la place de celui qui est dans cet état. Mais alors c'est pas possible en fait. C'est pas possible de se mettre à sa place. Parce que t'es valide. Tu peux même pas imaginer ce que c'est d'être handicapé.
Du coup comme tu peux pas imaginer ce que c'est, au lieu de le tuer, tu peux demander à des personnes concernées. Ou alors tu peux attendre que ton enfant soit en âge de te dire si oui ou non il est d'accord avec ça. Tu t'informes. En fin je sais pas, il y a dix milliard de choses à faire autre que de tuer son gosse parce qu'on comprend pas comment il vit.

Tu dis que tu voudrais qu'on fasse la même chose si on t'aimais. Du coup c'est ce que Frederic voulait ? Il voulait qu'on le tue comme ça ?
Tu fais totalement une projection de ce que toi tu imagines. Mais Frédéric lui il en pensait quoi ? Tu t'es déjà demandé s'il était d'accord avec ça ?

Tu conclues en disant que t'es soulagée, que t'es seraine. A aucun moment dans la vidéo t'as évoqué la souffrance de Frédéric. Seulement la tienne.

Le problème, c'était pas Frédéric. Le problème c'est toi. "


Ci-dessous la vidéo.